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Cet article est la suite d’un texte sur le pouvoir des récits dans la mise en action de l’humain.
Pour lire la première partie, c’est par ici.

Maintenant let’s go !

Arthur Keller, ingénieur en aérospatiale de formation* ne mâche pas ses mots.  

L’écoute de son TED vaut vraiment le coup. Il vous en prendra 18 minutes : 10 pour s’effondrer, 8 pour rebondir. Un sens de la formule au service d’un discours brut de fonderie. 

N’ayez pas peur du débit de parole de l’homme, qui accroit artificiellement le degré de complexité du discours.  
N’ayez pas peur non plus des 10 premières minutes et de leurs effets sur vous. Ces effets sont normaux et même nécessaires à la prise de conscience. Si vous avez des sueurs froides, envie de vomir, que vous vous enfoncez dans votre chaise seconde après seconde, avec l’envie de vous boucher les oreilles ou de crier pour ne plus entendre voire de disparaitre…
Ceci est absolument normal : c’est la première étape du changement. 

Pour celles et ceux qui n’iraient pas au bout ou ne démarreraient pas la vidéo, résumé (de ma part) et verbatims (d’Arthur Keller). 

Etape 1 : la descente 
Moi : C’EST LA CATA ! 
Arthur Keller : « Notre civilisation est une méga machine d’annihilation du vivant »
Moi : L’homme détruit tout ce qui se trouve sur son passage. 
Arthur Keller : « Les 6 sphères du monde naturel sont en train de s’effondrer » : 
– On atteint les limites de la litosphère (i.e. l’écorce rigide de la terre contenant les combustibles fossiles, les métaux, les nutriments…) : il ne reste plus grand chose à en extraire.
– L’hydrosphère (l’ensemble des eaux) se dégrade vite, très vite, trop vite (pollution, acidification des océans, zones mortes…).
– La cryosphère (l’ensemble des glaces) fond de manière accélérée. 
– L’atmosphère voit ses cycles d’eau et de carbone se détraquer tant on en modifie rapidement la composition.
– La biosphère (l’ensemble du vivant) disparait (depuis 40 ans, 60% des espèces vertébrées ne sont plus, par exemple).
– La pédosphère (les sols) est dans un état critique (75% des sols sont lessivés par l’agriculture intensive, l’urbanisation, les activités industrielles…).
Moi : « Par contre, nous, on est peinards  « 
Arthur Keller : « L’anthroposphère (l’espèce humaine et ses activités) explose. Est-ce durable ? NON ! Notre civilisation est un flux qui convertit la nature en déchets. »

Normalement à ce stade, on est down down down. Si « Y a de la joie » de Trenet passe sur Radio Nostalgie ou que « Happy » vibre dans nos Airpods, on a légitimement envie de détruire le poste ou les oreillettes.  

Poursuivons pour vivre ensemble la suite du processus.

Etape 2 : la remontée
Que faire alors ?
Moi :  » A défaut de sauter tout de suite par la fenêtre, gardons espoir ! »
Arthur Keller : « Oui, mais pas d’importe lequel. Il faut déconstruire les faux espoirs (de ceux qui nous disent qu’il est encore temps d’éviter le pire) et construire des espoirs lucides. 
Il faut réinvestir nos imaginaires et élaborer des contre-récits inspirants. 
Il faut fonder des nouvelles cultures basées sur d’autres hiérarchies de valeurs. 
Il faut se demander pour chaque chose que l’on fait si cela participe à revitaliser la nature et les rapports humains. 
Enfin il faut agir : entrer en résistance contre la méga-machine, développer notre résilience et réapprendre à vivre avec la nature sans la dominer.
C’est ainsi que nous, l’humanité, deviendrons moins fragiles, moins vulnérables face aux limites de cette nature. »

On souffle, on reprend des couleurs : c’est la remontée émotionnelle vers du positif car on commence à entrevoir des possibles.

Nous sommes récits, nous sommes pétris d’histoires que nous fabriquons et qui modèlent nos sociétés, tantôt séduisantes (les mythes de l’argent, de la consommation, de la conquête du monde et bientôt de l’espace) tantôt effrayantes (les vagues migratoires, les maladies, la fin du monde…).

Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de mobiliser toutes nos capacités de discernement pour garder la tête froide dans ce flot d’histoires que l’on nous déverse tous les jours.

A nous de choisir celles que nous retenons, celles en lesquelles nous choisissons de croire. 

Alors qu’est-ce qu’on fait ?  

On vit, on bouge, on s’intéresse.

Pour choisir en conscience, il nous faut multiplier les lectures, les rencontres, partir à la découverte des autres, de leurs points de vue : partager, échanger, confronter, débattre.

J’aimerais que cet article n’ait qu’une seule vertu : vous permettre de partager ces histoires, vos histoires avec d’autres autour de vous. 

Que des conversations s’engagent, même si cela chahute.
Que des émotions soient ressenties, y compris celles que l’on préfère refouler : le déni, l’anxiété, la peur.

Car l’espoir vient après. Naturellement. 
Pour que la mise en action advienne. Enfin. 

 

Baisers éclairés,
Mathilde

* : Plus d’infos sur Arthur Keller >> https://www.presages.fr/blog/2018/arthur-keller