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NB : Cet article est un repost d’une de nos newsletter La ChroniK EnerGIVrée datée de 2020.


Cet article est la deuxième partie d’un texte sur le striatum, une petite glande cérébrale aux très grands pouvoirs. Il paraitrait qu’elle nous mène à la baguette et nous empêche de changer…
– Pour lire la première partie, c’est par ici
– Pour lire la troisième et dernière partie (à partir du 11/10), c’est .

Maintenant let’s go !

Alors ? Il paraitrait que nous sommes gouvernés par le striatum, petite glande cérébrale, sélectionnée par des millions d’années d’évolution. Tous les vertébrés en sont équipés.

C’est ce que nous apprend Sébastien Bohler dans son dernier ouvrage « Le Bug humain ».
Le striatum régit de manière automatique nos besoins les plus profonds, liés à notre survie à court terme, en nous donnant de la reconnaissance et du plaisir via la libération de dopamine (l’hormone du bonheur) dès lors que nous les assouvissons. Évidemment avec un côté addictif : pour la même quantité de dopamine, il nous faut assouvir nos besoins de plus en plus.

Ces besoins profonds sont au nombre de cinq et ô surprise, la philosophie et la philantrophie n’en font pas partie :

  • Besoin de manger 
  • Besoin de se reproduire : ne tournons pas autour du pot, besoin de sexe
  • Besoin de pouvoir
  • Besoin de confort
  • Besoin d’avoir accès à de l’information sur notre environnement

Nos sociétés sont organisées de façon à répondre à ces besoins :

  • Aujourd’hui près de 2,5 milliards d’humains sont en surpoids et 700 millions sont obèses (presqu’autant que les 815 millions de personnes en situation de malnutrition); nos pratiques alimentaires sont fortement influencées par l’industrie agro-alimentaire, secteur responsable de ¼ à 1/3 des gaz à effet de serre mondiaux. 
  • 136 milliards de vidéos pornographiques sont consommées chaque année dans le Monde (35% du trafic internet) : il en faut des datacenters pour faire tourner Youporn à ce régime là ; donc de l’énergie, donc des émissions de gaz à effet de serre, à hauteur d’1/3 de celles de l’aviation civile mondiale juste pour ces vidéos pour adulte en mal d’amusement. (Pour info, en deuxième position viennent les vidéos des petits-chats-si-mignons, que l’on consomme là encore sans modération mais pas sans impact sur l’environnement).
  • Pas besoin de s’étendre sur la voracité de pouvoir, il n’y a qu’à regarder le monde tous les jours.
  • Toujours plus de confort, c’est ce après quoi court l’homo sapiens et les entreprises le lui rendent bien. Et comme tout le monde a le droit aux mêmes rêves, c’est un désir en cours de rattrapage dans les pays en développement (vous le voyez venir l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre ?).
  • Et enfin, le règne d’internet et des réseaux sociaux s’inscrit parfaitement dans le 5ème besoin. A ce sujet, je vous partage ICI l’interview de Bret Easton Ellis dans le dernier numéro d’America, petit bijou de franchise et d’honnêteté intellectuelle. Corrosif à souhait et diablement réaliste.

« Le dogme économique de la croissance est ancré dans le fonctionnement de nos neurones dopaminergiques. Il est presque impossible à enrayer. »
Sébastien Bohler

Il nous fait faire de drôles de choses ce striatum. Petit mais sacrément costaud (en rouge ci dessous).
Y a pas à dire, on est mal barrés …

Selon Bohler, l’homme n’est donc – génétiquement et anatomiquement – pas câblé pour répondre au défi posé par le changement climatique, à savoir la préservation de l’espèce humaine.

Au cours de notre histoire, nous avons eu à lutter contre des prédateurs, contre des maladies, contre la faim. Désormais c’est contre nous-même qu’il faut lutter. Or, la question de la temporalité nous en empêche apparemment : « Plus un avantage est éloigné dans le temps, moins il a de valeur pour notre cerveau. […] Quand une récompense future est annoncée, les neurones du striatum s’allument au moment de l’annonce du plaisir, en anticipation de la gratification future, comme l’ont montré les travaux de Wolfram Schultz. Mais ce qu’a en outre démontré l’équipe du neuroscientifique suisse, c’est que la force de la décharge de dopamine dépend du délai qui sépare l’annonce de la récompense de sa venue effective. Plus le délai est long, plus la réponse anticipatoire est faible. Pour cette raison liée au fonctionnement même de nos neurones dopaminergiques, il nous est difficile de trouver de l’intérêt à ce qui se situe dans un futur lointain. […] En d’autres termes, notre cerveau nous programme à guérir plutôt qu’à prévenir nous signifiant au passage que nos capacités d’anticipation sont somme toute limitées. Transposé au changement climatique, cela signifie que pour l’instant nous ne nous sommes pas pris un tsunami suffisant sur la tête pour nous mettre au pied du mur et nous contraindre à l’action. D’où l’expression consacrée « Après nous, le déluge ».

Alors, qu’est-ce qu’on fait ?