fbpx

Salut les terriens,

Je paraphrase Bono pour démarrer cette newsletter en musique :   
I can’t believe the news today Oh, I can’t close my eyes and make it go away How long, how long must we sing this song? How long? How long?  
Vendredi 29 Octobre 2021, veille de l’ouverture de la COP26 à Glasgow. Qu’entends-je dans le 7/9 de France Inter lors du bulletin d’information de 8h (il y a un peu de monde derrière son poste à cette heure-là en général) ?  En gros :  – +3% de croissance en France au 3ème trimestre 2021, c’est du jamais-vu, fabuleux, les Gaulois n’ont pas dit leur dernier mot. Yeah !!!  – Les compagnies aériennes renouent avec la croissance : les français reprennent l’avion et reconsomment, youpi, vive le retour au monde d’avant !  – Sur un ton plus grave :  Xi Jinping sera le grand absent de la COP 26. La Chine, pays le plus pollueur du monde, ne sera pas représentée à Glasgow. Diantre !  Là, j’ai eu à peu près cette réaction :

Mais pourquoi je m’énerve ?  La colère est une émotion saine, si si !

    Parlons d’abord de dissonance cognitive : notre cerveau ne sait pas bien gérer les informations contradictoires.  Or, toute cette semaine à l’approche de la COP26, on nous parle protection de la biodiversité, réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). On nous répète que les engagements de l’ensemble des états en matière de réduction des GES sont largement insuffisants pour contenir le réchauffement climatique à +1.5 degré (rappelons qu’en 2020 nous sommes déjà à +1.2 degré), qu’il faut accélérer, être ambitieux, ne plus attendre, qu’il y a péril en la demeure. La dernière une du Times est suffisamment explicite.  

    Et dans le même temps, on encense le retour à la croissance. And the winner is Bruno Lemaire !   

    Ensuite arrêtons les raccourcis qui nous arrangent. 

    La Chine est le plus gros pollueur du monde, c’est mal !

    Euh, oui mais la Chine produit pour qui ? Le bien-être des chinois.es ? Hum…pas spécialement; pour nous plutôt.  Sortir d’une logique de bouc-émissaire serait déjà le commencement d’une reconnaissance du réel problème.  Gageons par ailleurs que la Chine elle, ne nous attend pas pour se saisir dudit problème à bras le corps et à marche forcée. Nous parlerons bientôt de dictature verte, à raison, car gérer les conséquences du changement climatique nécessite d’être impopulaire (hum, hum, tournons nos yeux vers l’élection présidentielle). 

    …………………………………………………………………………………………………………………..

    Que l’on ne s’étonne pas après que ce soit le bazar dans nos têtes. On n’y comprend plus rien, la confusion règne.  Comme le dit Aurélien Barrau, « tout ceci est de l’ordre de la bouffonnerie ».

    Nous avons besoin de cohérence pour pouvoir agir.

    Commencer par prendre le problème au sérieux, aussi difficile et inconfortable que cela soit.  Il nous faudra peut-être payer un jour le prix de notre inconséquence…

    …………………………………………………………………………………………………………………..

    L’objectif aujourd’hui c’est de diviser les émissions de GES par deux au niveau mondial d’ici 30 ans pour contenir le réchauffement en dessous des 2 degrés. Penser ce changement dans le cadre du système actuel est quasiment de l’ordre de mission impossible. Un autre système est à imaginer. Essayons de changer de focale grâce à la puissance des « Et si ? ». 

    Que se passerait-il par exemple si :  > Nous reconnaissions publiquement que croissance du PIB et réduction des gaz à effet de serre ne vont pas bien vieillir ensemble ?  > Nous acceptions l’idée que nous ne pourrons pas continuer à consommer comme aujourd’hui, quand bien même nous aurions de l’énergie « verte », des matériaux biosourcés, des innovations technologiques permettant de capturer le CO2 dans l’atmosphère et les océans ? (on peut croire au Père Noël, mais même lui a besoin d’un peu de temps pour faire tout ça).  > Nous cessions de faire des raccourcis là où cela nous arrange et prenions enfin la mesure de nos responsabilités, individuelles et collectives ?   Je vous laisse poursuivre la liste des « Et si » à votre guise 🙂  Mathilde