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Salut les terrien.nes,

 

À quelques jours du premier tour de la présidentielle, j’ai envie de rire, pas vous ?

Faut dire qu’on vit une « séquence » – comme diraient nos politiques – drôle à souhait, à moins que ce ne soit une drôle de séquence, je vous laisse juger.
 
D’abord, il a neigé en France le 1er avril et ce n’était pas un poisson !
Vive le réchauffement climatique !

Et vu que l’on repart comme en 40, on se donne tous les moyens de se réchauffer durablement bien plus vite que prévu : nous devrions avoir atteint les +1.5 degrés de réchauffement d’ici 2031 si l’on suit la courbe actuelle des émissions de gaz à effet de serre (versus en 2100 comme prévu par les Accords de Paris signés en 2015). 

Quand la volonté humaine se met en mouvement, rien ne l’arrête. Homo Sapiens est trop fort !  
 
Lundi 4 avril, le 3ème volet du sixième rapport du GIEC jouait les trouble-fête en nous exhortant au changement pour infléchir la courbe des émissions de GES d’ici 3 ans maximum. Relous les scientifiques en pleine période électorale*.  

Rappel de ladite « courbe » :

Source : 6ème rapport du GIEC, 3ème volet – 4/04/2022. 

Là, je dis stop. Trop c’est trop. A peine remis du COVID épisode 28, on enchaine avec une bonne vieille guerre, alors les émissions de CO2, c’est la goutte d’eau ! Je suis en état de burn-out d’actualités négatives, je ne peux plus rien absorber si ce n’est du valium* (joke, pour le jeune public qui me lit). J’en profite pour remercier les médias, qui, pour nous épargner, n’en ont pas parlé. 

Trêve de sensibilité, que dit le rapport ? 

Booster la détox de CO2

Je vous partage l’infographie de « Pour un réveil écologique » pour comprendre les points clé de ce fameux rapport. 

 

Pour avoir d’autres sources, voici quelques articles et posts générés par des « lanceurs d’alertes » – suivez-les, leurs comptes sont des mines d’information :

En gros, si je vous résume les résumés du résumé pour décideurs (ici pour celles et ceux qui veulent les données source) : 

On est grave dans la merde 
MAIS on a 3 ans pour agir
ET on sait ce qu’il faut faire. 

Juste on ne le fait pas 😁

 
3 ans ? La bonne blague ! Ça aurait pu être un poisson ça aussi, mais non.
3 ans, autant dire qu’on l’a dans l’os : on ne s’est pas bougé en 50 ans, et là il faudrait mettre un giga coup de frein à main, quand toutes les décisions prises actuellement défont les quelques avancées gagnées après d’âpres luttes. 

La guerre est déclarée !

Le court terme, le court terme vous dis-je.

Car la guerre en Ukraine – dont j’ai d’abord naïvement cru qu’elle serait l’élément déclencheur d’une transition énergétique à marche forcée. Damn it Mathilde, arrête de croire aux contes de fée – la guerre en Ukraine donc est devenue en quelques semaines le porte-étendard d’une rhétorique de la peur déclinée à toutes les sauces, qui permet de faire passer un bon paquet de décisions contraires à la lutte contre le dérèglement climatique.

Premier exemple sur le gaz (une des trois énergies fossiles pour celles et ceux qui n’ont pas suivi) :

Vous aussi, vous l’avez entendu la petite cantate obsédante et maladroite « Nous allons manquer de gaz l’hiver prochain », « On va devoir rationner », « Commencez à réduire votre consommation »?
Danse de la peur, transe de l’insécurité ontologique. 

Personnellement, oui je tremble : vivant déjà avec 4 pulls sur le dos 6 mois de l’année, je me demande si je sors la combi de ski au 1er novembre. 
En plus, par un fâcheux concours de circonstances, les terrasses des cafés ne sont plus chauffées depuis le 31 mars ! (Arrêter de chauffer l’extérieur c’est peut-être le début de la sobriété 🤷‍♀️ ? )   
 
Mais que faire ? Sortir des énergies fossiles et engager enfin la transition énergétique à base de nucléaire, énergies renouvelables ET sobriété ?

👮‍♂️ Hop, hop, hop ma petite dame, on ne change pas une équipe qui gagne depuis 250 ans. 
Donc reprise des forages de gaz de schiste aux USA (et création de nouveaux liens de dépendance au passage) et report à 2024 de la fermeture des dernières centrales à charbon françaises. 
Ça, c’est de la décarbonation ! (Euh, c’est surtout que la transition requiert de l’anticipation…je dis ça, je dis rien). 
 
Autre exemple sur le volet agricole : 

Si le coeur vous en dit, vous pouvez (ré)écouter cette interview sur France Inter du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, datée du 15 mars 2022.

En synthèse, on va manquer de nourriture, mais rassurons-nous pas en France, on va juste la payer beaucoup plus cher. En revanche, une crise alimentaire mondiale se profile, l’ombre des émeutes de la faim n’est pas loin 😱. 
Le trouillomètre continue de monter. 

🤔 Donc on fait quoi ? On maximise les rendements évidemment : fini les terres en jachère et vive l’arrosage d’engrais azotés et de pesticides sur des sols déjà exsangues .

L’avantage avec l’intensif, pardon l’agriculture conventionnelle, et les aliments supra-transformés c’est qu’on est sûr de bien manger ! Au choix : escherichia coli dans les pizza Buitoni, listéria dans les fromages Lactalis ou salmonellose dans les Kinder.

Et joyeuses Pâques !

J’y vais, mais j’ai peur !

Où ça ? Au bureau de vote.

Et vous, vous préférez quoi ?
Ne pas pouvoir vous chauffer l’hiver prochain ou vous chauffer ?
Ne plus pouvoir remplir l’assiette de vos enfants ou la remplir ?
Euh, attends, je réfléchis. 

Cette technique rhétorique bien connue sous le nom de faux dilemme ou fausse opposition permet de faire passer l’écologie comme une solution inapte à répondre à nos besoins fondamentaux à court terme tels que se chauffer, manger, se sentir en sécurité.   

Et quand on a peur, de surcroit pour nos besoins fondamentaux, on agit de façon irrationnelle.  

Il me parait intéressant de mettre en perspective ce phénomène avec l’acte citoyen qui nous attend dimanche. Car dimanche on vote bien sûr !  
 
L’action, l’engagement citoyen c’est certes tous les jours, mais même pour les plus réfractaires, les plus déçus par nos institutions et le système démocratique tel qu’il existe aujourd’hui, le vote reste un levier majeur pour choisir l’orientation de notre pays. 
Et de se rappeler qu’il reste 3 ans pour décider de léguer à nos enfants une planète viable. 

Alors qui pour protéger le climat parmi les candidat(e)s ? Suspense. 
Là-encore des gens très bien ont fait un super boulot de comparaison des programmes. Je vous partage l’analyse de Réseau Action Climat et celle des Shifters
Seuls deux candidats, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélanchon, font des propositions sérieuses en faveur du climat, selon les différentes analyses. 

Dimanche, nous aurons le choix entre la tentation du court terme et un pari sur l’avenir. Pas simple. 

D’ici là, je vous invite à jouer à ce jeu mis au point par Greenpeace : Call me president ! 
Vous endosserez quelques minutes durant l’habit présidentiel et ferez des choix en faveur ou non du climat en tenant compte de leurs impacts sur d’autres facteurs tout aussi importants (l’économie, la santé des français, la géopolitique…). 

Et histoire de vraiment rigoler, prenez 5 minutes pour regarder la dernière vidéo de Broute. 

I’m so excited !

Que se passe-t-il d’autre en absurdie ?

Avant de se quitter, quelques news qui remontent le moral : 
> Shein, la marque de supra méga fast-fashion chinoise, va bientôt dépasser la valorisation de Zara et H&M réunis (plus de 100 milliards de $) ;
> Jimmy a fait son apparition dans le Métavers. Qui est Jimmy ? Un sans-abri.
> L’extrême droite est à plus de 30% des intentions de vote en France et on pressent une abstention record pour une élection présidentielle.

Ah, je me dis que tout va bien dans le meilleur des mondes.
Surtout ne changeons RIEN. 

Ou plutôt si, maintenant que les séances de psy sont remboursées par la Sécurité Sociale, on sait quoi faire pour parer à la crise de foi. 

Baisers démocratiques,
Mathilde

Notes
* : On a dit pas plus de 5% du temps consacré au climat dans les médias !